Therapie cognitivo-comportementale

Aujourd’hui, nous allons aborder un élément essentiel de la thérapie cognitivo-comportementale appliquée et améliorée par la réalité virtuelle : l’affirmation de soi.

Quels sont vos patients qui vont être concernés par ce type de technique ? Ce sont principalement les patients qui souffrent de phobies sociales. Donc souvent, ceux qui ont du mal à parler en public, ceux qui ont peur de s’exprimer, ceux qui ont peur de dire “non” ou alors encore ceux qui n’osent pas affirmer leur point de vue. Il est vraiment important de distinguer les personnes introspectives ou timides, car le fait d’être introspectif n’est pas du tout une pathologie. La timidité est un trait normal de la personnalité qui ne doit pas être corrigé par ce que ce n’est tout simplement pas une maladie. Là où vous devez intervenir, c’est quand la personne souffre d’une souffrance psychologique de la phobie sociale.

Souffrance psychologique de la phobie sociale

Cette souffrance psychologique de la phobie sociale, c’est que justement la personne a peur d’être mal jugée par autrui, a peur qu’on va la trouver stupide, idiote, moche, mal maquillée etc… La personne est donc en souffrance et de ce fait elle aura du mal à s’exprimer. Sa confiance en soi au niveau de la communication étant très faible, elle aura tendance à dire “oui” à tout. Cette personne ne pourra pas exprimer ses désirs ou encore ses besoins.

Aider son patient pour diminuer sa souffrance en trouvant l’équilibre

Pour aider votre patient, vous pouvez lui proposer plein d’outils présents dans la thérapie cognitivo-comportementale associés à la réalité virtuelle. L’un des outils majeurs pour la phobie sociale est “l’affirmation de soi”. 

L’affirmation de soi, qu’est ce que c’est ? Et bien, c’est un équilibre dans l’expression et dans la communication. Il s’agit d’aider votre patient à exprimer ses besoins, mais sans écraser les autres. Le but n’est pas qu’il s’exprime de manière agressive ou encore qu’il s’affirme en écrasant les autres, mais qu’il affirme ses besoins tout en étant à l’écoute du besoin des autres. Pour résumer ; l’aider à trouver l’équilibre dans la communication. 

Nous allons aborder trois parties différentes dans l’affirmation de soi afin que vous puissiez enseigner à vos patients cette technique de manière la plus complète possible. Dans cet article, nous allons détailler les bases de cette technique pour que vous ayez de bonnes bases. Libre à vous ensuite, de lui ajouter d’autres éléments  ou d’improviser.  

Les techniques de communication

ASPECT NON VERBAL DE LA COMMUNICATION

Expression mains-voix

La première chose qui est importante, ce sont les techniques de communication ou autrement dit : comment bien communiquer son point de vue, ses pensées, ses idées. Il y a deux aspects à distinguer : l’aspect non-verbal et verbal.

L’aspect non-verbal concerne l’expression du corps. Il faut bien dire à votre patient que quand il s’exprime, il doit penser à utiliser ses mains, car elles vont justement l’aider à faire sortir les mots. Il ne faut pas hésiter à se mettre à la “mode italienne” et faire sortir les idées en utilisant ses mains. Aidez votre patient, par exemple, grâce à l’environnement en réalité virtuelle se déroulant dans un amphithéâtre à coordonner mains et paroles. Au fur et à mesure des séances, votre patient arrivera de mieux en mieux à coordonner cette expression.

Les mimiques

L’expression faciale, la mimique, est la deuxième chose importante que nous allons aborder avec vous et que nous vous conseillons d’aborder avec votre patient.
Il est bien que le patient écoute la conversation en cours et que ses expressions varient. Si, par exemple, il entend des choses amusantes, c’est important qu’il y ait une mimique avec de la joie. Ou que lorsqu’on lui exprime une bonne nouvelle, qu’un sourire apparaisse, que les sourcils se déplacent et que les joues soient en mouvement. Ça doit être congruent. C’est-à-dire complètement en harmonie avec la conversation. Il est évident qu’il ne faut pas sourire si on annonce un décès ou lors de funérailles. Dans ce genre de situations, on doit attendre du patient des mimiques qui évoquent un sentiment de tristesse. L’expression faciale est un élément très important de la communication.

La distance

Toujours, dans la communication non-verbale, un autre élément est important : la distance. Quand on s’exprime face à une personne, il faut qu’il y ait une distance d’environ 1 mètre ou 2 pour ne pas être trop agressif. Si votre patient se positionne trop près, il paraîtra brutal et à l’opposé, trop loin, il paraîtra distant et froid. Maintenir une bonne distance est donc un essentiel pour une bonne communication. 

Maîtrise de son corps 

Pour les phobiques sociaux ou bien même pour les plus jeunes de vos patients, faire des discours, passer au tableau, faire un entretien ou s’exprimer en réunion professionnelle est un gros problème. C’est à vous, notamment, de les accompagner dans cet apprentissage de la maîtrise de son corps. Il ne faut pas que dans ce genre de situations votre patient soit avachi ou voûté. Il faut qu’il laisse son corps s’exprimer en maintenant une position relativement droite mais détendue. 

Le regard

Le regard est également important. Il faut que le patient puisse regarder son interlocuteur, mais là encore avec un certain équilibre. L’idée, c’est de dire à votre patient qu’il regarde l’interlocuteur mais, bien sûr sans le fixer non plus. On regarde son interlocuteur pendant environ 90% de temps de la discussion. Il ne faut pas qu’il est un regard fuyant, donc il ne faut pas qu’il regarde sans arrêt ailleurs,  mais au contraire qu’il regarde la personne en face de manière tempérée. 

ASPECT VERBAL DE LA COMMUNICATION

Nous allons passer à la partie verbale de la technique de communication. Comment votre patient dans une réunion professionnelle, en classe, en soirée, doit-il s’exprimer pour que la communication de ses besoins et de ses idées puisse passer correctement ? 

Curiosité et intérêt

La première chose à conseiller à votre patient, c’est de faire preuve de curiosité et d’intérêt. Ça veut dire que dans une conversation, il faut vraiment que votre patient écoute la personne en cours pour bien introduire un sujet et qu’il fasse preuve de curiosité. Il doit faire sentir aux autres personnes son intérêt, par exemple, en commençant par poser des questions. Souvent les phobiques sociaux ne savent pas quoi dire ou faire. Pour lutter contre ça, il suffit de leur dire de commencer par poser des questions très très simples et banales. Il pourra s’entraîner à poser ces questions avec vous, mais aussi et surtout face à des avatars en réalité virtuelle avec les environnements C2Care. Les questions typiques sont : qu’as-tu fait ce week-end ? qu’as-tu prévu pour tes vacances ? quel film as-tu regardé récemment ? 

L’écoute

Ensuite, en dehors de la curiosité et de l’intérêt, c’est important d’être dans l’écoute. Bien écouter ce qu’on lui dit afin de récolter des informations qui seront utiles pour la conversation. S’il a bien écouté son interlocuteur, qui, par exemple, apprécie beaucoup les tapisseries ou encore le sport, il pourra alors poser des questions adaptées : pourquoi aimes-tu bien faire de la tapisserie ? qu’est-ce qui te plaît dans le surf ? Une bonne écoute permettra à votre patient de reprendre des éléments évoqués par l’interlocuteur pour pouvoir ensuite échanger sur un sujet d’intérêt de ce dernier. 

Introduire un sujet

En dehors de savoir écouter, il est important de savoir introduire un sujet quand on a des idées. Avoir des idées, c’est bien, mais c’est tout autant intéressant de prendre le temps d’observer son interlocuteur. Le patient l’a écouté, le patient lui a posé des questions, mais il peut aussi observer comment son interlocuteur agit parce que ça peut lui donner des indices par rapport aux questions que votre patient pourra poser. Par exemple, s’il voit que l’interlocuteur porte une casquette avec l’effigie de l’OM (l’équipe de football de Marseille), il pourra rebondir sur cet élément et ainsi poser des questions : “Je vois que tu as une casquette de l’OM. Dis-moi, qu’est ce qui te plaît tellement dans cette équipe ? Qu’as-tu pensé de leur dernier match contre le PSG ?

Le fait d’observer attentivement l’interlocuteur permet déjà au patient d’avoir un lot de questions à poser et de pouvoir introduire une conversation. Les phobiques sociaux ont du mal à introduire une conversation, mais le fait d’observer leur interlocuteur (vêtements, sac à main, montre…etc)  les aidera à entamer un échange. 

Le docteur Malbos nous confie une anecdote : à la cafétéria de l’hôpital, il a rencontré une demoiselle qui portait une montre, un maquillage et un T-shirt rose. Dr Malbos est parti à sa rencontre et lui a fait part de ses observations sur sa tenue, ce qui a ensuite permis de déboucher sur une discussion. 

Faire des compliments

L’autre moyen par l’observation, c’est de faire des compliments. C’est un excellent moyen pour un phobique social de débuter une conversation ou d’introduire un sujet. Attention, il faut bien dire au patient qu’il ne doit pas faire des flatteries, car le but n’est pas de mentir, mais au contraire de lui faire part de ses pensées positives. L’observation est donc très importante. Si par exemple, la personne est bien habillée, votre patient peut complimenter sa tenue. “Cette jupe assortie avec cette veste, c’est vraiment très élégant”, “Ta cravate est vraiment très jolie, tu as dû la choisir avec soin”. Forcément, ça va être un bon moyen d’introduire un sujet. De plus, d’un point de vue psychologique, tout le monde aime les compliments. Ce compliment va toucher la pensée positive et l’ego de l’interlocuteur, le rendant plus disposé à débuter une conversation. C’est donc un excellent moyen pour les phobiques sociales de débuter un échange. Complimenter est une méthode qui permet de bien maintenir ou introduire une conversation. 

SURMONTER UN BLOCAGE

Une fois que votre patient va disposer de tous ces éléments, il vous posera sûrement la question suivante : comment est-ce que je trouve un sujet ? Quand je suis face à des personnes dans une réunion ou même dans un bar, je ne sais plus quoi dire. Je stresse, j’ai les mains moites, je me bloque, je n’arrive pas à trouver de sujet à exprimer. 

Et bien, à ce moment-là, vous pouvez conseiller à votre patient de se rendre sur des sites d’informations la veille de la réunion ou de la sortie au bar. Qu’il prenne des nouvelles de ce qui se passe dans le monde et qu’il sélectionne des articles sur des sujets intéressants comme des nouvelles insolites, amusantes, scientifiques…etc. L’idée, c’est qu’il puisse les lire et les apprendre. Même s’il veut les apprendre par cœur, ce n’est pas grave, c’est même conseillé. En effet, quand il sera très anxieux, il ne se rappellera plus des articles qu’il aura lu. Le fait qu’il les apprenne par cœur ou du moins qu’il les lise avec beaucoup d’attention, l’aidera, le lendemain, à les lancer au cours d’un sujet de conversation. 

INTRODUIRE DES SUJETS D’ACTUALITE

Mais alors comment introduire ces sujets d’actualité ? Le patient ne peut pas dire de but en blanc “J’ai vu des kangourous amusants en Australie”, ça ne marchera pas, les personnes ne feront pas attention à lui. Il faut que le patient introduise le sujet par une question. Votre patient pourra, par exemple, dire : est-ce que tu as vu tous ces kangourous en Australie ? ou alors: est-ce que tu as déjà vu des kangourous en Australie ? 

Forcément, l’interlocuteur va apprécier cette question qui montre qu’on s’intéresse à lui et va donc répondre. “Non, non, je n’en n’ai jamais vu. Que s’est-il passé avec ces kangourous en Australie ?”. C’est là que le patient va pouvoir introduire le sujet. 

Les rires et les sourires sont importants. Si votre patient entend une blague ou une plaisanterie au cours de la soirée, bien sûr, il faut rire. Ces nouvelles et ces sujets de conversation inspirés de l’actualité, il faudra les dire avec le sourire et donc éviter d’avoir un visage glacial. Le patient va pouvoir s’entraîner à exprimer ces nouvelles avec quelque chose qui soit un peu chaleureux, une expression conviviale. 

Si dans la conversation votre patient doit faire face à un désaccord, il ne devra pas hésiter à concéder. L’affirmation de soi ce n’est pas faire preuve d’agressivité, c’est aussi comprendre que parfois, on a tort et donc faire des concessions. 

Nous venons de voir ensemble, grâce au docteur Malbos, les techniques non-verbales et verbales. Combinées ensembles ces techniques sont un excellent allié pour votre patient et son affirmation. Elles pourront être exercées en réalité virtuelle puis, une fois votre patient prêt, en vrai. 

 

C’était la partie 1 “Affirmation de soi” par le docteur Malbos. Pour visionner les parties 2 et 3, un abonnement myc2.care vous donnera un accès illimité à toutes les vidéos de l’onglet « Formation ». 

 

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