1. LA DÉPRESSION : UN DÉFI MAJEUR POUR LA GÉRIATRIE AUX ÉTATS-UNIS
Avant d’examiner quelques applications de la RV en gériatrie, il est important de les mettre en contexte. La dépression diagnostiquée cliniquement touche entre 1 et 5 % des personnes âgées aux États-Unis, et jusqu’à 14 % de celles qui ont besoin de soins à domicile ou en institution.
En outre, beaucoup plus de personnes souffrent de symptômes de dépression plus légers. Par exemple, une étude menée en France a révélé que 23 % des personnes âgées présentaient des signes de dépression. Et des symptômes encore plus légers peuvent entraîner une grave diminution de la qualité de vie.
La même étude a également révélé que la dépression augmente le risque de décès chez les personnes âgées, des conclusions qui ont été confirmées à plusieurs reprises par le NIH (l’Institut National de la Santé.) dans ses étude sur l’espérance de vie ajustée à la qualité.
Le fait est que la dépression rend la vie plus misérable, exacerbe les problèmes de santé existants, dissuade les personnes âgées de s’engager les unes envers les autres et envers le monde extérieur et – en fin de compte – raccourcit la vie. Toute thérapie susceptible d’atténuer ses symptômes est donc la bienvenue. Et la RV s’inscrit dans cette catégorie, comme le montre un rapide tour d’horizon des innovations récentes.
Utilisation de la RV pour traiter l’anxiété chez les personnes âgées
L’anxiété est un problème de santé mentale majeur dans la population américaine en général, mais elle est particulièrement grave chez les personnes âgées. Selon la Geriatric Mental Health Foundation (Fondation de la Santé Mentale Gériatrique), 10 à 20 % des personnes âgées américaines souffrent d’une forme d’anxiété clinique – le plus souvent des phobies. Et cette condition peut sérieusement compromettre leur niveau de vie.
Est-il possible que la RV puisse aider ? Selon certains chercheurs, la réponse est oui. La RV peut aider à compenser la moindre efficacité des traitements comme la thérapie cognitivo-comportementale dans les groupes d’âge plus avancés – permettant aux praticiens de changer de comportement dans des situations où cela était auparavant impossible.
Une recherche publiée en 2015 par Sébastien Grenier de l’Université de Montréal a suggéré que la RV pourrait aider en permettant aux personnes âgées de « confronter » virtuellement la source de leur anxiété. En utilisant des casques de RV pour créer des situations dans lesquelles les personnes âgées sont exposées à des sources d’anxiété, les thérapeutes peuvent les aider à faire face à ces problèmes sans avoir besoin de quitter leur maison ou leur lieu de soins.
La RV, peut-elle atténuer la dépression causée par une mobilité réduite ?
Le même thème alimente un débat plus large sur l’application de la réalité virtuelle à la gériatrie : les traitements par RV, peuvent-ils aider les personnes âgées à faire face à la dépression causée par une exposition réduite au monde extérieur, leur corps devenant moins mobile et moins capable physiquement ?
La perte de mobilité est certainement une cause de dépression chez les personnes âgées. Et c’est aussi un symptôme majeur de la dépression, créant des cycles de rétroaction dangereux qui nuisent à la santé mentale des patients.
Les personnes âgées peuvent choisir de moins socialiser, de se rendre dans moins de lieux extérieurs et, en général, d’interagir moins avec le monde extérieur en raison des deuils, du stress et de l’anxiété, ce qui les rend moins confiantes et plus malheureuses. Il s’agit d’une situation tragique pour les individus, mais potentiellement une application très fructueuse de la technologie de la RV.
Des études menées dans des établissements de soins ont montré que les visiocasques peuvent délivrer le contenu de la RV de manière sûre et efficace aux patients âgés, et que les participants aux études font état d’un degré élevé de confort et de plaisir pendant les thérapies de RV.
Et l’expérience de ceux qui travaillent dans ce domaine montre également que ces thérapies peuvent être extrêmement efficaces.
Les casques de RV sont devenus un élément incontournable du Ebenezer Care Center de Minneapolis, où les résidents les utilisent pour visiter virtuellement des lieux qu’ils ont déjà vus ou qu’ils ont toujours souhaité visiter. Les réactions des résidents qui utilisent les casques suggèrent qu’ils deviennent plus détendus et plus ouverts aux interactions sociales après les séances de RV – exactement ce que vous voudriez voir dans un traitement de la dépression chez les personnes âgées.
Utilisation de la RV pour aider à la gestion de la douleur
Outre l’atténuation de l’anxiété et le traitement de la dépression causée par une mobilité réduite, la RV trouve des utilisations inattendues dans la gestion de la douleur – un autre facteur important de la mauvaise santé mentale chez les populations âgées.
En 2014, une importante étude a montré que la RV pouvait être utilisée pour créer des distractions cognitives qui peuvent aider les personnes souffrant de douleurs chroniques et aiguës. Dans de nombreux cas, cette réorientation de l’attention peut contribuer à réduire la perception de la douleur, avec des effets bénéfiques qui durent au-delà des séances d’immersion dans la RV.
De plus, le logiciel de RV immersif a été utilisé comme aide à la formation pour enseigner aux personnes âgées des techniques efficaces de gestion de la douleur et de physiothérapie, ce qui peut souvent être la mesure la plus importante pour atténuer la douleur à long terme. Et il peut être associé à des dispositifs portables pour fournir un retour d’information précieux aux praticiens médicaux qui peuvent être éloignés des patients.
Tout cela contribue à une gestion plus efficace de la douleur, qui influence directement l’humeur et le bonheur général. Comme toute personne âgée ayant souffert d’arthrite chronique vous en informera, la douleur et la santé mentale sont étroitement liées, et tout ce qui peut soulager l’une tend à aider lors du traitement de l’autre.
2. LA THÉRAPIE PAR RÉALITÉ VIRTUELLE POURRAIT RÉVOLUTIONNER LA SANTÉ MENTALE DES PERSONNES ÂGÉES
Ces applications de la réalité virtuelle forment la partie émergée de l’iceberg. L’utilisation de la réalité augmentée dans des thérapies telles que la TCC n’en est qu’à ses débuts, mais il y a de fortes raisons de penser que l’utilisation de visiocasques et de logiciels thérapeutiques spécialement conçus peut contribuer à soulager les symptômes de la dépression.
À l’avenir, il est probable que des techniques telles que la thérapie d’exposition à la réalité virtuelle (TERV) se généralisent, car les thérapeutes exposent soigneusement les patients à des expériences qui peuvent atténuer leurs angoisses.
À un niveau moins sophistiqué, les expériences de RV qui simulent le tourisme et d’autres situations sociales seront une option courante pour les personnes âgées dans leur vie de loisirs. Attendez-vous donc à voir un mélange d’outils thérapeutiques, médicalement robustes et d’applications produites commercialement – résultant en un riche mélange de techniques pour rendre la vie plus agréable et moins stressante.
Bon nombre des problèmes de santé mentale qui touchent les personnes âgées découlent de la perte de riches expériences sociales et de leur isolement du monde extérieur. Avec la RV, nous disposons maintenant d’un ensemble d’outils qui peuvent contrecarrer ces problèmes comme jamais auparavant. Et c’est pourquoi les spécialistes en gériatrie, les ingénieurs, les soignants et les utilisateurs âgés sont de plus en plus enthousiasmés par ce que la technologie a à offrir.
La RV est plus qu’une simple nouveauté. C’est une thérapie médicale de grande envergure qui peut faire en sorte que la vieillesse ne soit pas une période de misère, de peur et de douleur. Des vies sociales enrichies et de la positivité sont disponibles à la place, à condition que la technologie atteigne son potentiel.
Sources : [dans l’ordre où elles sont liées dans le texte ci-dessus]
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1064748119300971
https://www.sciencedaily.com/releases/2019/02/190206091423.htm
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4590980/
https://www.aagponline.org/index.php?src=gendocs&ref=anxiety
https://www.sciencedaily.com/releases/2015/02/150217114123.htm