1. QU’EST-CE QUE LA THÉRAPIE ACT ?
La thérapie ACT tire son nom de l’anglais pour Acceptance and Commitment Therapy, la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement.
Ce nom vient des deux piliers de la thérapie : l’acceptation de ce que l’on ne peut pas contrôler et l’engagement dans des actions qui nous rapprochent de ce qui est le mieux pour nous. Cela a pour objectif de favoriser et de développer la flexibilité cognitive, c’est-à-dire la capacité à s’adapter aux situations de manière adaptée et saine.
Au travers de l’analyse fonctionnelle du patient, le thérapeute va venir identifier les sources de souffrance liées à la rigidité cognitive, aux schémas inadaptés et aux croyances dysfonctionnelles, et amener, au travers d’exercices cognitifs et émotionnels, de nouvelles nuances et forces sur lesquelles se baser pour avancer.
2. SUR QUOI SE BASE LA THÉRAPIE ACT ?
Les chercheurs ayant participé au développement de l’ACT illustrent ses bases grâce au modèle Hexaflex, qui représente les six domaines qui influencent le spectre entre flexibilité et rigidité psychologique. Notre esprit a plus facilement tendance à se diriger vers un fonctionnement rigide, ce qui a pu marcher dans le passé devient la solution unique à l’avenir, ce qui diminue la résilience et cristallise un fonctionnement inefficace sur le long terme.
Chaque domaine représente une compétence ou un ensemble de compétences qui peuvent être développées de manière indépendante et en association avec les autres et qui permettent de développer la flexibilité.
Le rapport au temps, revenir au moment présent
Nous avons souvent tendance à nous projeter dans nos pensées, à ruminer le passé ou à anticiper l’avenir. Ces pensées donnent une importance démesurée à des éléments en dehors de notre contrôle ou que nous ne pouvons pas changer. Elles nous empêchent également de nous concentrer sur le moment présent et d’agir en fonction de la situation présente. Au travers d’exercices basés sur la pleine conscience (mindfulness), on apprend à se réancrer dans le présent et à ne plus autant s’attarder sur les pensées.
Le rapport à l’expérience, être dans l’acceptation
Un élément récurrent des témoignages de personnes en souffrance psychique est la sensation d’épuisement, de se battre sans jamais s’en sortir et de ne pas avancer. Ce besoin de contrôle se traduit soit par des comportements inadaptés ou par de l’évitement, les deux risquant d’empirer la situation sur le long terme.
L’ACT propose de changer ce mode de fonctionnement au travers d’une approche expérientielle : accepter de vivre les situations, aussi désagréables soient-elles, et de ne pas chercher à contrôler ce qui ne peut pas l’être. Essayer un état d’esprit “être” plutôt que “faire” quand le “faire” n’est pas efficace. Cet état permet de se concentrer sur ce qui est vraiment important chez soi et dans ses actions. Il ne s’agit pas de résignation, mais de bienveillance envers soi-même et la réalité de l’expérience humaine.
Le rapport aux pensées, entamer la défusion
La fusion des pensées consiste à croire les pensées comme reflet de la réalité. Elles sont interprétées de manière littérale, même, voire surtout, quand celles-ci sont des pensées intrusives incontrôlables. Si la pensée “je suis nul” me traverse l’esprit, c’est que ça doit être vrai.
La défusion va alors être le processus mental qui remet les pensées à leur place, c’est-à-dire de simples événements mentaux. Je ne suis pas nul, j’ai eu la pensée que j’étais nul, mais en la percevant pour ce qu’elle est, je peux challenger cette pensée. Elle n’est qu’une série de mots ou d’images mentales, et je peux faire l’effort de vérifier cette pensée, sa véracité, sa pertinence et de me détacher de l’effet qu’elle pourrait avoir.
Le rapport à Soi, comme contexte plutôt que contenu
Notre esprit a tendance à percevoir le Soi, l’individu, comme contenu, c’est-à-dire l’accumulation de ses traits et de ses expériences, une masse fixe définie par des étiquettes simples et immuables : “Je suis quelqu’un de confiance”, “Je suis une mauvaise personne”, “Je suis infidèle”, etc… Ces étiquettes facilitent le travail de notre cerveau, mais leur rigidité bloque notre évolution car elle ne prend pas en compte le contexte. Cela peut mener à des prophéties auto-réalisatrices et une mauvaise image de soi, difficile à modifier.
Le Soi comme contexte amène l’individu à ne pas se percevoir comme un état, mais comme un ensemble de processus qui varient au fil du temps et des situations. Nos actions et nos décisions sont influencées par de nombreux facteurs externes et internes, et ceux-ci changent au cours du temps.
Si j’ai été infidèle dans une relation passée, cela peut être dû à une relation dysfonctionnelle, un manque de communication ou de confiance en soi, une soirée un peu trop arrosée. Comprendre le contexte aide à comprendre les actions afin de les reproduire ou de les modifier afin de se rapprocher de ce qui est important pour nous.
Les Valeurs personnelles, éclaircir le chemin
Les valeurs sont la boussole morale qui est censée diriger nos actions. Chaque individu possède des valeurs qui lui sont propres. Agir en accord avec ses valeurs permet de se sentir bien dans sa vie et de construire une image de soi solide. A l’inverse, lorsque nos actions sont contraires à nos valeurs, elles amènent des regrets, de l’amertume et une mauvaise image de soi.
L’ACT permet d’identifier et de consolider les valeurs les plus importantes pour chaque individu afin d’éclairer la prise de décisions. Les valeurs vont servir de repère face aux émotions changeantes et aux pensées qui peuvent être envahissantes. En cas de doute, se reporter aux valeurs permettra d’éclairer la prise de décision et d’action.
La prise de décision par l’Action engagée
Une fois les valeurs définies, vient le moment de l’activation comportementale, le passage à l’action. L’individu définit des objectifs de vie ou de valeurs (atteindre un but ou se rapprocher de ses valeurs) et mettre en place des actions engagées pour se rapprocher de ces objectifs. Ce processus permet notamment de sortir de la spirale dépressive.
C’est lors de cette étape que de nombreux obstacles peuvent être rencontrés. Les obstacles internes seront surmontés par l’acceptation et la défusion. Les actions peuvent amener des pensées ou des émotions désagréables, mais en prenant du recul et en gardant à l’esprit l’objectif, les avantages à long terme sont mis en avant. Les obstacles externes sont quant à eux surmontés par la résolution de problème, une compétence qui se développe en s’entraînant à trouver des solutions en accord avec les valeurs.
L’action engagée permet de développer un sens de l’accomplissement et de créer un élan d’engagement.
L’objectif final du développement de ces compétences est d’arriver à s’adapter aux événements de vie, et à ne plus être prisonnier de ses pensées. Revenir dans l’instant présent pour agir en accord avec ses valeurs plutôt que dans l’évitement de l’expérience. On retrouve ainsi un contrôle sur les domaines qui peuvent être influencés, et une acceptation de ce qui ne peut pas l’être afin de ne pas laisser ces éléments nous arrêter.
3. QUELLE EST L’UTILITÉ DE LA THÉRAPIE ACT ?
La thérapie ACT permet de sortir des situations où l’on se sent coincé, impuissant et enfermé dans ses pensées.
Elle aide à retrouver un sentiment d’avancement et de progression dans sa vie en favorisant l’adaptabilité et la résilience.
Cette thérapie a prouvé son efficacité pour lutter contre l’anxiété et la dépression, aider à la réduction du stress, à la gestion des maladies chroniques ainsi qu’à l’arrêt du tabac.
De nombreuses études sont en cours pour établir avec plus de précision l’efficacité de cette thérapie sur l’ensemble du spectre de la santé mentale, mais les compétences qu’elle aide à développer, et qui se retrouvent dans d’autres thérapies déjà validées, laissent penser que l’ACT possède un champ d’action très large et dont de nombreuses personnes, même sans pathologie mentale, pourraient bénéficier.