Rédigé par Margaux Jacobson

Le 31 Octobre 2016

Tout d’abord, la phobie spécifique est, selon le DSM-5 répertoriée dans la catégorie des « troubles anxieux » avec un taux de prévalence ponctuelle de patients présentant un trouble phobique se situe entre 4% et 8,8%, et pour une vie entière entre 7,2% et 11,3%. Elle est définie par une peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique.

La psychothérapie dans le cadre de la prise en charge de la phobie, reste aujourd’hui le seul moyen thérapeutique efficace (Gasman I. Allilaire J.-F 2009). Aucun traitement médicamenteux unique dans le processus de guérison de la phobie n’a démontré de son efficacité (Pull et al. 2008), de même que l’introduction d’un anxiolytique combiné à une psychothérapie de type thérapie cognitive et comportementale (Barlow et al. 2000).  Il est important de savoir qu’un thérapeute se doit de proposer le traitement validé scientifiquement le plus efficace à son patient (Abramowitz et al., 2011). Or, Jonathan S. Abramowitz (2013) affirmait que la thérapie par exposition (confrontation répétée et systématique des stimuli redoutés (Moscovitch, Antony, et Swinson, 2009) est la psychothérapie la plus pertinente dans la prise en charge de personne souffrant de troubles anxieux.  Il faut noter que les patients souffrants de troubles anxieux, et plus particulièrement de troubles phobiques, présentent des perturbations dans le circuit de la peur (Telzer et al. 2009). Cette perturbation entraine une hyper-activation de l’amygdale (Pichon J.-A., Vuilleumier P., 2011), une activation pathologique du circuit thalamo-agmydalien et une hypo-activation du cortex préfrontal (Bishop 2007). La stimulation sensorielle négative est directement transmise au thalamus qui transmet (sans passer par l’hippocampe, le cortex sensoriel et le cortex préfrontal permettant une modération de l’amygdale et ainsi une réponse adaptée (Bar-Haim  et al. 2007)) l’information sensorielle à l’amygdale qui va alors déclencher une stimulation au niveau du système endocrinien et des stimulations neurovégétatives et neuromusculaires.  Lors de l’exposition du patient phobique à un stimulus ou un environnement phobique, le rôle de l’hypothalamus influence directement le comportement de peur. (Canon W & Bard P. 1920-1931). Ce comportement de peur a pour objectif la préservation de l’individu traduit au niveau corporel par la sécrétion d’adrénaline par la médullo-surrénale entrainant une augmentation de la pression artérielle, une accélération du rythme cardiaque. (Darwin 1899 – Prime G. 2013) ainsi que des manifestations orthosympathiques telles que l’augmentation de la sudation, des tremblements et des pâleurs dermiques. (Prime G. 2013).

Wolpes, en 1958 dans « Psychotherapy by reciprocal inhibiton », proposait le premier traitement par désensibilisation systématique ainsi que l’exposition in vivo.

L’exposition in vivo est une méthode qui consiste de manière intentionnelle, répétée et sans évitement à faire directement face à un objet ou une situation réelle perçue comme dangereuse (Rosqvist, 2005). L’exposition répétée à la situation ou objet phobogène permettrait, selon la théorie du traitement émotionnel de Foa et Kozak (1986), un changement dans la perception du stimuli négatif et ainsi une habituation. Cependant, cette technique d’exposition in vivo présente certains inconvénients dont notamment la limitation du champ d’exposition possible pour le thérapeute ou le patient en fonction de l’objet ou de la situation réelle phobique.

Pour pallier à ce manquement thérapeutique et grâce aux progrès de l’informatique la réalité virtuelle « propose elle un support de travail original aux patients étant dans l’incapacité ou presque de s’imaginer certaines scènes et/ou trop phobiques pour expérimenter en réalité les situations » (Roy, 2001).

Les thérapies par exposition à la réalité virtuelle permettent ainsi au patient une exposition plus réelle qu’elle ne l’aurait été en imaginée (Vincelli et Molinari, 1998), mais également une meilleure gestion de l’intensité et de la fréquence des stimuli auxquels le patient phobique sera exposé avec la réalité virtuelle (Virole B, 2007). La thérapie par exposition à la réalité virtuelle permet également de gérer les imprévus et l’accessibilité, de réduire l’évitement, la diminution des coûts en fonction de l’environnement ou de l’objet phobique, une vitesse de traitement de la phobie permettant ainsi une réduction des coûts pour la sécurité sociale, une meilleure adhésion et suivi du traitement (Hodges, Rothbaum, Watson, Kessler et Opdyker, (1996). Concernant son efficacité, Pertaud B.P et al. en 2002, affirmaient que l’exposition in vivo et in virtuo avaient eu les mêmes résultats à court et long terme.

Il faut également savoir que Garcia-Palacios, et Al, en 2007, effectuaient un sondage auprès de 777 étudiants leur demandant quel serait leur choix entre une thérapie in vivo et par réalité virtuelle dans le cadre d’un potentiel traitement phobique. Les résultats obtenus s’élevèrent à 76% en faveur de la thérapie par exposition à la réalité virtuelle.

 

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