Prise en Charge de l’Amaxophobie en Réalité Virtuelle

C2Drive est une application dédiée à la prise en charge de l’amaxophobie ou peur de conduire. Son retentissement est important et tend à se généraliser sur l’ensemble de la vie des personnes qui en sont atteintes : perte d’autonomie, isolement, sollicitations auprès de l’entourage, restrictions de la zone géographique lors d’une recherche d’emploi, impossibilités de passer le permis…La liste des handicaps engendrés par l’amaxophobie est longue.

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ARTICLE : RÉDIGÉ PAR JULIE FACINI

Le 16 mars 2020

C2Drive est une application dédiée à la prise en charge de l’amaxophobie ou peur de conduire.

Son retentissement est important et tend à se généraliser sur l’ensemble de la vie des personnes qui en sont atteintes : perte d’autonomie, isolement, sollicitations auprès de l’entourage, restrictions de la zone géographique lors d’une recherche d’emploi, impossibilités de passer le permis…La liste des handicaps engendrés par l’amaxophobie est longue.

La réalité virtuelle apparaît comme une solution efficiente pour venir traiter ce trouble. Basée sur les principes d’exposition des thérapies cognitivo-comportementales, le traitement in virtuo repose sur la nécessité de confronter graduellement le patient aux situations de conduite automobile les plus redoutées et invalidantes. Pour ce faire, il était nécessaire d’avoir des environnements pouvant susciter les mêmes activations que la réalité.

C2Care a ainsi conçu un logiciel consacré au traitement de la peur de conduire. Agrémenté d’un volant et d’un pédalier, les thérapeutes pourront exposer leurs patients à de nombreux contextes routiers. En effet, dans le but d’une immersion totale, il est important de placer le patient dans des conditions similaires à la réalité. De ce fait, l’utilisation d’accessoires tels qu’un volant et un pédalier, active le recrutement musculaires inhérent à la conduite automobile, facilitant l’activation émotionnelle dysfonctionnelle pour le travail d’exposition. De plus, à sens inverse, l’enrichissement de la simulation de la conduite d’une voiture par les accessoires, permet de maximiser le transfert d’apprentissage.

En d’autres termes, plus les acquis in virtuo sont assimilés dans un contexte réaliste suscitant un fort sentiment de présence, plus l’application in vivo de ces nouveaux apprentissages sera optimale. Ce souci de performer une réalité virtuelle au plus proche de la matérialité, a été concrétisé dans les environnements C2Care dédié à la prise en charge de l’amaxophobie et regroupés dans l’application C2Drive. Dans ce logiciel, les grands axes routiers, sources d’anxiété, ont été conceptualisés et agrémentés avec de hautes fonctionnalités afin de promouvoir les comportements problématiques dans leur singularité. L’idiosyncrasie du trouble sera respecté par la multitude de stimuli. Concrètement, le thérapeute pourra exposer le patient aux contextes routiers suivants :

L'autoroute

Un véritable autoroute virtuel disponible pour les expositions. Cet axe routier constitue une réelle source d’anxiété pour les amaxophobes. Perçu comme un potentiel immense de dangers et d’accidents, il en résulte un fort taux d’évitement d’emprunt de l’autoroute, facteur actant dans le maintien de la phobie. Le thérapeute pourra exposer progressivement le patient aux situations en lien avec le thème autoroutier en toute sécurité. En effet, l’avantage considérable de la réalité virtuelle est qu’elle permet un accompagnement thérapeutique efficace et sans danger, ni pour le patient, ni pour le thérapeute. De plus, la graduation des situations est rendue possible par le contrôle sur les stimuli de l’environnement.

La gestion du flux autoroutier est placé sous le monitoring du thérapeute : trafic fluide, circulation moyenne ou dense et embouteillages. Il est ainsi possible d’exposer le sujet sur un même contexte (l’autoroute) en augmentant progressivement la charge anxiogène au regard de la singularité de son trouble. De plus, la qualité des stimuli est placée également sous l’examen du thérapeute, il pourra, en fonction des éléments anxiogènes relatés par le patient, ajouter des camions et des motos dans l’environnement. Des obstacles et imprévus pourront être placés sur le trajet tels qu’un accident avec des stimuli sonores et visuels (ambulance, sirène).
Ces fonctionnalités permettent d’exposer le patient à des impairs routiers auxquels ils n’ont pas accès du fait de l’évitement mis en place. Il est cliniquement pertinent de pouvoir non seulement exposer aux réalités anxiogènes des patients ayant une phobie de la conduite mais également d’habituer ces derniers aux potentiels stimuli qu’ils rencontreront sur la route. Par ailleurs, la progression de l’exposition peut se faire en ne plaçant pas immédiatement le patient en tant que conducteur mais à la place du passager.
Ces options de conduite sont accessibles depuis le contrôleur du logiciel : immersion avec une perspective de l’environnement depuis le siège conducteur ou depuis le siège passager. Certaines personnes souffrant d’amaxophobie ont généralisé leurs troubles au point de ne plus supporter un trajet en voiture même en tant que passager. Pour ces derniers, il est capital de les exposer en premier lieu sur des situations où ils n’auront pas la responsabilité de la conduite. Cette solution est rendue possible par un pilotage automatique ne nécessitant aucun matériel additionnel (volant, pédalier). Par ailleurs, parmi les nombreuses fonctionnalités permettant d’ajuster la prise en charge à la réalité clinique du patient, il est également possible de choisir la vitesse de circulation du véhicule. Ces alternatives donnent lieu à des expositions multiples.

Par exemple, pour éteindre une réponse anxieuse suscitée par la conduite sur autoroute, le thérapeute pourra placer le patient sur un trafic fluide avec un véhicule roulant à 90 km/h, répéter l’exposition jusqu’à extinction de l’anxiété, puis progresser sur un palier anxiogène plus sévère en élevant la vitesse à 110 km/h et en augmentant le trafic routier. La météo est également placée sous le contrôle du clinicien. Il pourra en effet proposer une exposition par temps clément, avec la pluie ou bien encore par temps de brouillard. 

Toutes les fonctionnalités mentionnées plus haut, en l’occurrence un environnement virtuel autoroutier équipé de fonctionnalités pensées pour l’exercice d’exposition, existe également en version de nuit.

Le tunnel

 Le tunnel est un contexte souvent cité par les phobiques de la conduite parmi les situations engendrant un fort taux d’anxiété. Cet environnement a été recréé en virtuel. L’utilisateur éprouvera les sensations inhérentes au passage d’un tunnel, anxiété nécessaire pour autoriser le contre-conditionnement à agir. Dans cette application, le thérapeute aura la même possibilité de contrôle sur l’environnement : vitesse du véhicule modulable, gestion du flux routier, ajouts de véhicules spécifiques (motos, camions), perspectives depuis la voiture (passager, conducteur), météo réversible (pluie, brouillard, soleil)…

La ville

La peur de la conduite a une particularité qui la distingue de bien d’autres phobie, à savoir qu’elle peut engendrer des situations dangereuses (accident, perte de contrôle du véhicule). Ces potentiels délétères sont très prégnants lors d’une conduite en ville en raison du nombre de stimuli présents dans l’environnements : signalisations, feux rouges, vitrines de magasins, trafic routier important, piétons, proximité avec les autres véhicules…). Ces faits rendent l’exposition in vivo particulièrement délicate et dangereuse pour le patient et le thérapeute en charge du traitement.

La ville virtuelle permet de pallier ces difficultés et d’immerger le patient au sein d’un environnement interactif étant un reflet idéal pour l’exposition, des contextes routiers urbains fréquemment rencontrés. Ainsi, le patient pourra expérimenter la réalité d’une conduite en ville  : feux rouges, stimuli sonores, piétons, passages de priorité…Véritable cité, les expositions pourront se graduer au regard de la singularité de la phobie de chaque patient et se répétées autant de fois que nécessaire à l’apparition des gains thérapeutiques. Des situations types engendrant l’activation de la peur ont été placées sur le parcours routier de cet environnement : pont, passages étroits, route aux bordures non-sécurisées…L’amaxophobie est, à l’instar des autres troubles anxieux, une pathologie dont l’étiologie et la manifestation des symptômes demeure propre au patient. Son traitement nécessite un cadre sécurisant pour entreprise une thérapie d’exposition. La réalité virtuelle apparaît comme la solution la plus optimale.

C2Drive conceptualise un logiciel offrant un accès à un ensemble d’environnements routiers typiques du thème anxiogène de la phobie de la conduite. Les thérapies d’exposition sont à ce jour, les prises en charge les plus efficaces dans le traitement de l’amaxophobie. La réalité virtuelle vient encadrer cette méthodologie par ses propriétés en parfaite adéquation avec les principes actifs des thérapies comportementales : sécurité, répétition, accessibilité, graduation

Les environnements de réalité virtuelle C2Care sont également utilisés pour la prise en charge de patients souffrant de lésions cérébrales. Les équipes médicales en SSR l’utilise pour l’évaluation écologique des capacités de reprise de la conduite.

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