Les questions d’identité de genre et d’inclusivité sont au cœur du paysage médiatique depuis quelques années. Du point de vue de la santé, les personnes transgenre souffrent souvent d’une grande errance thérapeutique dûe à une mauvaise éducation sur la transidentité et le manque d’information des professionnels. Petite introduction pour mieux comprendre l’identité de genre et comment mieux prendre soin des personnes trans.

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    1. Qu’est-ce que le genre ?

    Le genre est l’ensemble des processus et rapports sociaux qui servent à catégoriser les humains. Ce processus de catégorisation fait partie des fonctions cognitives qui permettent à notre cerveau d’économiser une partie de ses ressources en simplifiant la compréhension de notre environnement. Le plus souvent, au travers de l’histoire et des cultures, le genre des individus a été défini en fonction de leur sexe.

    Le sexe et le genre sont pourtant deux notions séparées et très différentes.

    Le sexe est un concept biologique. Il évolue entre deux modes (mâle et femelle) et se construit à partir de nombreux facteurs physiologiques : chromosomes, gènes, production hormonale, organes sexuels et caractères sexuels secondaires, principalement. Il existe donc de nombreuses variations de l’expression biologique du sexe.

    Le genre est un concept social et psychologiquequi évolue au sein d’un large spectre. Il se compose principalement de quatres facteurs :

    • L’identité de genre, c’est-à-dire l’auto-identification d’une personne à un ou plusieurs genres.
    • L’expression de genre, c’est-à-dire la manière dont un individu va modifier sa présentation afin de correspondre à son genre. Vêtements, coupe de cheveux, maquillage, bijoux, nom et pronoms, etc…
    • Le rapport au corps, car le corps que l’on a peut ne pas correspondre au corps associé à notre identité de genre, ce qui peut causer une très forte sensation de détresse.

    Les relations aux rôles de genre, fortement influencés par la culture, et jouent le plus souvent un rôle dans la binarité homme-femme.

    2. Qu’est-ce-que la transidentité ?

    Le genre d’un individu est bien souvent assigné à la naissance en fonction du sexe, mais c’est une partie de l’identité qui évolue énormément au cours de la vie.

    Certaines de ces évolutions sont attendues socialement. L’expression de genre d’un jeune garçon ne sera pas la même que celle de son adolescence, qui sera encore différente de son expression de genre à l’âge adulte.

    évolution de l'Homme
    Si l’identité de genre et l’expression de genre d’un individu suit le genre assigné à la naissance (masculin ou féminin), on parlera de personne cisgenre. Les personnes cisgenre sont à l’aise avec cette identité et leur évolution suit ce qui est attendu et accepté socialement.

     

    Cependant, pour certaines personnes, il existe une divergence entre leur identité de genre et le genre assigné à la naissance. On parlera alors de personne transgenre.

    La transidentité la plus connue et la plus représentée et la transidentité binaire : les personnes assignées hommes à la naissance qui transitionnent vers une identité féminine, et les personnes assignées femmes à la naissance qui transitionnent vers une identité masculine.

    Il existe cependant un plus large spectre d’identité de genre entre, et au-delà, de ces deux pôles.

    3. Le genre est-il binaire ?

    Comme nous l’avons vu précédemment, le concept de genre est construit à partir de nombreux facteurs, et de ce fait, l’ensemble de ces variations fait du genre un concept spectral.

    Il est très difficile de représenter ce spectre du genre, mais en voici une version simplifiée:

    spectre du genre

    Sur cette représentation, les nuances de rouge sont féminines, les nuances de bleu sont masculines. Les nuances de rose et de violet sont donc au croisement entre ces deux genres, dans le domaine de l’androgynité. Ainsi, rien que sur cet aspect assez binaire, on peut observer un premier spectre.

    Sur cette représentation cependant, il existe des couleurs n’appartenant ni à la famille des bleus, ni à la famille des rouges. Il va s’agir de la non-binarité. Les personnes trans non-binaire ne s’identifient pas aux genres traditionnels, et expriment leur identité de genre différemment des stéréotypes attendus des hommes et des femmes. Cette expression peut se rapprocher des genres traditionnels, car la mode existante est très largement basée dessus par exemple, mais ces identités restent en dehors de cette binarité.

    La dernier terme représenté sur cette image est le mot “Agenre” au centre, sur le blanc. Dans cette vision du genre, l’intensité de la couleur représente l’intensité de l’identification à un genre. Plus la couleur est saturée, plus l’identification est forte. Plus la couleur est pâle, moins l’identification est forte. Certaines personnes ne s’identifient à aucun genre, ou très faiblement. L’expression d’un genre leur importe peu, et la manière dont elles sont perçues a peu d’importance. 

    Ce schéma permet de comprendre d’une manière imagée que le genre est une question de nuances, qui varie entre chaque individu, le plus souvent dans un camaïeu et rarement sur une couleur unique tout au cours de la vie.

    4. Comment aider les personnes transgenre ?

    Grâce à une meilleure compréhension de la transidentité au cours des dernières années, cette dernière n’est plus considérée comme une pathologie mentale dans les grands manuels de classification et de diagnostic des maladies. Cependant, la transidentité peut être source de grande souffrance, notamment la dysphorie de genre

    Il s’agit d’un mal-être intense qui survient lorsque l’expression de genre ne correspond pas à l’identité de genre. La dysphorie peut être déclenchée par l’apparence corporelle, le style vestimentaire, l’utilisation de mauvais pronoms ou du mauvais prénom, tout ce qui rappelle le genre assigné à la naissance et qui ne correspond pas au genre réel.

    Le meilleur moyen de soulager la dysphorie est évidemment la transition. Elle peut être médicale, avec de la chirurgie, des hormones et de la rééducation vocale, mais également sociale, avec l’habillement, l’utilisation du nom choisi et des pronoms appropriés. Il est important de noter que la transition n’a pas à être médicale et que la chirurgie de réattribution sexuelle n’est pas nécessaire ou désirée par toutes les personnes transgenre.

    La dysphorie est un des facteurs les plus déterminants du taux élevé de suicides et de tentatives de suicide chez les personnes transgenre. Il est donc important d’évaluer les idéations suicidaires chez les patients avec une forte dysphorie de genre.

    En plus de soutenir vos patients transgenre dans leurs processus de transition, leur offrir des moments d’affirmation de genre aide à soulager la dysphorie. Bien utiliser le bon prénom et les bons pronoms (ne pas hésiter à les demander si nécessaire) ainsi qu’à leur offrir des techniques de gestion des émotions et de la détresse, car les transitions sont souvent des processus longs.

    Plus généralement, bienveillance, écoute et acceptation sont les maîtres-mots de la prise en charge d’un patient transgenre. Leur identité n’est pas à remettre en question, ni leur souffrance. Leur vie est souvent remplie de divers degrés de violence, et le thérapeute doit être un lieu sûr pour avancer et soulager son mal-être.

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