Le stress post-traumatique (ESPT), on en entend beaucoup parler, mais qu’est-ce que c’est réellement ? Peut-on souffrir de stress post-traumatique alors même que l’on n’a pas réellement vécu un événement traumatisant ? 

Nous allons essayer de répondre ensemble à toutes ces questions.

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     Qu’est-ce qu’un stress post-traumatique ?

     

    Pour reprendre la définition de l’INSERM (Institut Nationale de la santé et de la Recherche médical), le stress post-traumatique est classifié dans les troubles psychiatriques qui peuvent survenir après un événement traumatisant. L’ESPT (État de Stress POST-Traumatique) va avoir des conséquences psychiques importantes, et cela, longtemps après l’événement. 

    Le stress post-traumatique est présent chez environ 5 à 12% de la population. Cependant, comme une bonne partie des chiffres concernant les pathologies, ce dernier est sûrement sous-estimé, du fait de l’absence de diagnostic chez certaines personnes. 

    En d’autres termes, le stress post-traumatique peut être apparenté à un choc émotionnel important. Ce choc émotionnel va venir directement impacter le quotidien de la personne qui en souffre et ceci de différentes façons.

     

    2. Quels sont les symptômes d’un stress post-traumatique ?

     

    De nombreux symptômes accompagnent l’ESPT. Dans les symptômes principaux, on retrouve : 

    • La reviviscence : 

    La reviviscence est le fait de “revivre” l’événement de façon répétée. Les personnes peuvent revivre leur trauma de différentes façons : par le biais de flashbacks répétés qui vont faire revivre entièrement la scène à la personne ; d’intrusions de pensées et d’images involontaires en lien avec l’événement traumatique ; des cauchemars à répétition. Tous événements externes peuvent ramener à la surface le souvenir de l’événement traumatique : un bruit, une lumière, une personne, un lieu… Ces différents signaux externes vont automatiquement déclencher des symptômes d’anxiété 

    • L’évitement

    L’évitement est l’une des principales raisons du maintien de stress post-traumatique.. En effet, les personnes vont avoir tendance à éviter les lieux du trauma, les objets ou les personnes par exemple.

    Il existe différentes sortes d’évitement : on retrouve l’évitement émotionnel (ex: ne surtout plus jamais ressentir le même type d’émotion que ceux présents pendant le trauma) ; l’évitement cognitif (ex: Éviter de penser au traumatisme qui a eu lieu) et l’évitement comportemental (ex : ne plus retourner sur le lien de l’accident). Cet évitement sera notamment travaillé en thérapie. En effet, il est nécessaire, petit à petit, d’éviter l’évitement. 

    Cet évitement peut impacter de façon importante les personnes dans leur vie professionnelle ou leur vie personnelle. Les personnes peuvent notamment développer des phobies diverses. Nous reviendrons dessus un peu plus loin. 

    • Hypervigilance, difficultés de concentration, trouble du sommeil… Différents troubles cognitifs peuvent être en lien avec le trauma.
    • Troubles de l’humeur tels que des explosions émotionnelles (colère, tristesse) ou a contrario un émoussement émotionnel (diminution de l’affectivité).

     

    3. Quels événements peuvent créer un ESPT ?

    Différents éléments peuvent amener le patient à développer un stress post-traumatique par la suite. Dans les plus communs, l’on retrouve les attentats, les agressions, les viols, les décès soudain de proches, tout type d’accident, les catastrophes naturelles… 

    Il n’est pas nécessaire d’avoir vécu un événement traumatique pour en souffrir, le fait d’être témoins de ces mêmes événements peut également être source de l’apparition d’un ESPT. 

    Vous l’aurez compris, l’ESPT peut se développer lorsque la personne est confrontée à une menace de mort imminente, lorsque son intégrité physique peut être atteinte ou encore lorsqu’un proche est touché de façon importante par un événement grave.

    Ainsi, nous pouvons retrouver deux types de stress post-traumatique : 

    • ESPT dit “simple” de type  1

    Ce type de trauma survient après un événement isolé, unique et brutal. Dans ce type de trauma, nous pouvons retrouver tout ce qui est accident, catastrophe naturelle, agression… 

    • ESPT dit “complexe” de type 2

    Ce type de trauma survient à la suite d’expositions prolongées et répétées à un certain type d’événement. Ici, on va retrouver les traumas en lien avec de la maltraitance physique ou psychique répétée, les violences sexuelles, le harcèlement… 

    Il existe différentes façons d’être victime d’un événement traumatique. 

    • La personne peut être une victime directe, c’est-à-dire être directement exposé à l’événement. 
    • Une personne peut également être une victime indirecte : par exemple une personne ayant été témoin d’un incident ou encore des proches de victimes directes.
    • Ressort également une troisième catégorie qui est les victimes secondaires : dans cette catégorie, nous retrouvons les personnes dont le métier du soin, c’est-à-dire les médecins, pompiers, ambulanciers…

    Dans les victimes indirectes d’un stress post-traumatique, nous pouvons également retrouver les téléspectateurs. En effet, plusieurs études se sont penchées sur l’impact des médias dans le développement du stress post-traumatique chez des personnes n’ayant pas été témoin de l’événement.  Par exemple, nous nous souvenons tous de cette période compliquée d’attentats réguliers. Ces derniers étaient omniprésents dans les médias. Une étude à par exemple était faite sur la médiation des attentats de Novembre 2015 à Paris (Enguerrand du Roscoät et al.,). Cette étude démontre que les personnes ayant eu des expositions élevées ou très élevées aux images médiatiques (de 2 à plus de 4h par jour) sont susceptibles de développer des symptômes de stress post-traumatique. Ainsi, la surmédiatisation d’images des attentats est associée à une augmentation des symptômes de stress post-traumatique dans la population générale.

    4. Quels impacts peuvent avoir ce stress post-traumatique ?

     

    Lorsque l’événement s’inscrit dans un cadre de stress post-traumatique, cela peut avoir un impact important dans la vie quotidienne de la personne qui en souffre. En effet, petit à petit peuvent se développer différentes phobies ou troubles psychiatriques consécutifs à ce trauma. 

    Dans les troubles associés, nous pouvons retrouver majoritairement des phobies en lien avec les lieux publics tel qu’une anxiété généralisée, une agoraphobie ou une phobie sociale. 

    Dans les comorbidités il n’est pas rare de trouver également des problématiques d’addiction à l’alcool ou une comorbidité dépressive.

    Comme évoqué précédemment, un trauma va amener à développer une détresse psychologique importante qui va impacter différentes sphères de sa vie, que ce soit la vie personnelle ou la vie professionnelle. La personne va rentrer dans l’évitement de certaines situations. Par exemple, une personne victime d’un accident de voiture n’est plus en capacité de conduire car cela l’angoisse. Le fait de ne plus pouvoir prendre sa voiture va l’empêcher de participer à certaines activités avec ses proches. Une personne développant une agoraphobie à la suite d’un stress post-traumatique, ne va plus pouvoir sortir de chez elle pour aller au travail… 

    Un stress post-traumatique peut, certes, se déclarer immédiatement après l’événement mais peut également se déclarer plusieurs mois après l’événement, voire même plusieurs années après ce dernier. Les troubles disparaissent dans les 3 mois ou deviennent chroniques dans 20% des cas. Il existe également un risque de rechute de l’ordre de 20 % chez les patients qui sont pris en charge.

    5. Peut-on diminuer le risque de développement d’un stress post-traumatique? Comment se soigner d’un stress post-traumatique ?

    Il est bien sûr tout à fait possible de limiter le risque de développement d’un stress post-traumatique chronique, pour cela il est essentiel d’être pris en charge par de la psychothérapie. En effet, ce sont ces thérapies qui vont permettre de mieux comprendre l’événement, les émotions ressentis par la suite, de comprendre ce qui favorise l’apparition du/des souvenirs douloureux

    Parmi les thérapies que l’on retrouve ayant les meilleurs résultats sur le stress post-traumatique on peut nommer l’EMDR et les TCC

    L’EMDR est une thérapie qui consiste à effectuer une stimulation bilatérale (gauche/droite) alternée. Cette stimulation peut se faire par le biais de mouvements oculaires, de tapotement ou encore de sons

    Les TCC quant à elles sont les Thérapies Cognitivo-Comportementales. Ces thérapies ont aujourd’hui fait largement leurs preuves dans le cadre de la prise en charge des stress post-traumatique. Elles vont notamment permettre de faire des expositions progressives aux situations anxiogènes ou rappelant le trauma. Les TCC vont travailler sur le cognitif (modifier les pensées), le comportement (modifier les comportements inadaptés, éviter l’évitement) et les émotions (apprendre à gérer son anxiété). Dans le cadre du stress post-traumatique, la personne va associer un lieu, un son, une odeur, une image… qui rappelle l’événement, à un danger. Les TCC vont donc permettre à la personne de modifier ces associations misent en place. 

    Les TCC utilisent des expositions par l’imagination et des expositions In vivo. Cependant depuis plusieurs années, l’exposition par la réalité virtuelle a également fait largement ses preuves. La réalité virtuelle va notamment permettre d’exposer le patient de façon beaucoup plus progressive, de contrôler entièrement l’environnement tout en gardant la personne dans un environnement sécuritaire

    De nombreuses études sont en cours afin de mieux comprendre le développement de ce type de trouble. 

    Pour anecdote, une étude de Butler et al.,  a été faite sur l’utilisation du jeu Tetris afin de limiter le développement d’un stress post-traumatique. Ils l’ont notamment utilisé en complément d’une thérapie EMDR. Les résultats démontrent une augmentation de l’hippocampe chez les personnes ayant joué à Tétris en plus de la thérapie EMDR. Cette augmentation de l’hippocampe est associée à une diminution des symptômes de l’ESPT, une diminution de symptômes dépressifs et d’anxiété. Le gain de volume de l’hippocampe permettrait notamment un meilleur maintien des acquis lors du traitement EMDR. 

    Dans tous les cas, vous l’aurez surement compris, une psychothérapie est nécessaire afin de limiter l’évitement qui empêche le souvenir traumatique d’être traité comme les autres souvenirs.

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